Que l’enfant tape ses parents ou seulement sa maman, ses copains, ou tout le monde, il est fréquent que l’enfant ait des comportements violents, entre l’âge de 1 et 2 ans. Au-delà de l’incompréhension et de la surprise de voir son petit ange se transformer parfois en petit monstre, à quoi cette violence est-elle due ?
Pourquoi mon enfant tape-t-il ?
Aux alentours de l’âge de 2 ans, l’enfant est dans un processus d’autonomisation. Il a envie d’aller et venir comme bon lui semble. Il découvre qu’il peut bouger, qu’il a de la force et qu’il peut agir sur son environnement et sur les autres. Il explore le monde qui l’entoure et guette les effets de ses propres actions. Il apprend « la loi de cause à effet » qui régit le monde physique mais aussi celui des relations aux autres ! Cependant, le chemin est parsemé d’obstacles contrariants qui donnent parfois envie à notre explorateur de taper, mordre, griffer…
1. Il réagit violement à une frustration
Chacun d’entre nous, petit ou grand, se trouve chaque jour confronté à la frustration. Non, nous ne pouvons pas toujours avoir ou faire exactement ce que l’on veut, quand on le veut. Nous, les grands, avons intégré cela et même si l’accepter est parfois difficile, nous avons appris l’art du compromis et de la maîtrise de nos émotions. C’est parce que nous avons effectué cet apprentissage que nous ne nous roulons pas par terre en hurlant dans les rayons du supermarché lorsque le produit que nous voulions est en rupture de stock.
Un apprentissage indispensable mais parfois « douloureux »Votre enfant est en train d’apprendre à réguler ses émotions et à accepter que ses désirs, aussi compréhensibles et ardents soient-ils, ne peuvent pas systématiquement être exaucés. Ce qui rend les choses encore plus difficiles pour lui est qu’il ne dispose pas du vocabulaire et de l’aisance verbale nécessaires pour « dire » sa colère et sa frustration, c’est donc avec son corps qu’il s’exprime.
2. Il « joue » … ou plutôt, teste l‘autorité parentale ?
Tout d’abord, en finir avec le lieu commun disant qu’un enfant tape « juste pour jouer ». Non, un enfant qui tape ne joue pas. Nos chères petites têtes blondes (ou brunes d’ailleurs) sont des êtres humains en construction. Lorsqu’un enfant tape, même s’il le fait en riant, il n’est pas en train de jouer mais de tester où sont les limites et jusqu’où il doit aller pour que cela provoque une réaction chez l’autre. Sur son site natickpediatrics.net, le Dr. Robert Lindeman utilise une métaphore intéressante intitulée « la pièce noire » pour exprimer ce besoin du tout petit. Il demande aux parents de s’imaginer eux-mêmes dans une pièce fermée sans lumière et sans fenêtre. La première chose que nous ferions dans ce genre de situation serait naturellement de tendre les bras et d’essayer de sentir les murs de la pièce. Nous ferions cela de façon instinctive, nous aurions besoin de savoir où sont les murs de la pièce pour nous repérer dans la pénombre et ainsi savoir jusqu’où nous pouvons nous déplacer sans nous cogner le front. Pour les tout-petits, le monde est une grande pièce où il fait tout noir. Les murs sont ce que les psychologues appellent les « limites » et dans le cas des petits enfants, ce sont les limites de ce qui est autorisé, de ce qui est interdit et, par extension, du bien et du mal. Un enfant sait très vite qu’il y a un mur qui sépare ce qui est autorisé de ce qui ne l’est pas, mais il ne sait pas jusqu’où il peut aller avant de s’y heurter. L’enfant va donc essayer de trouver les limites de la même façon qu’une personne dans une pièce noire essayera d’en trouver les murs.
Puisque mon enfant a compris où se trouvent les limites, pourquoi continue-t-il encore ?
L’enfant qui a réussi à obtenir une réaction de ses parents exprime, en souriant ou en riant, de la satisfaction, parfois même de la joie pour avoir trouvé la limite de ce qui est autorisé. Votre enfant va vouloir repousser vos limites mais n’y voyez pas de la méchanceté… peut-être juste un peu de malice. Il est simplement en train d’exprimer sa joie et son soulagement d’avoir trouvé un mur, une limite car elle le rassure et le sécurise, tout comme dans l’exemple de la pièce noire, il sait jusqu’où il peut aller sans se faire mal.
On peut alors se demander pour quelle raison l’enfant qui a trouvé une limite recommence encore et encore les mêmes agissements ? La première raison est simplement de revivre la satisfaction de voir qu’il a trouvé où se trouvait la limite. Celui-ci ne décroît pas avec la répétition, (comme pour beaucoup de choses qui font rire nos bambins d’ailleurs…) et aussi parce que tout apprentissage passe obligatoirement par la répétition. La seconde vient du fait que les tout-petits ont un besoin constant de réassurance.
C’est pour cette même raison qu’ils vont si souvent faire des câlins et des bisous à leur maman et leur papa et ce, même s’ils savent pertinemment que leur père et mère les aiment : ils ont un besoin constant d’être assurés que l’amour est bien là.